HOMMAGE À HOROWITZ


ALAIN LOMPECH

Juillet/Août  2022

HOMMAGE À 

HOROWITZ

★★★★★

Oeuvres de Scarlatti, Mozart, Rachmaninov, Scriabine, Schubert, Liszt, Chopin, Schumann et Moszkowski

Maxim Bernard (piano)

Pentatone

Publier un hommage à Vladimir Horowitz témoigne au minimum d'un amour fou pour un artiste dont Martha Argerich a pu dire qu'il était «la meilleure chose qui soit arrivée au piano». Avec le risque de paraître bien présomptueux de vouloir « rejouer» le fameux récital de Moscou donné par le pianiste en 1986 (Deutsche Grammophon, DVD Sony Classical), dont le Canadien Maxim Bernard reprend ici le programme. Or, sans singer un modèle qui, au soir de sa carrière était dans une miraculeuse forme musicale, pianistique et spirituelle, ce jeune pianiste réussit à en évoquer l'esprit et la manière, tout en étant lui-même. 

 

Dans Mozart, Bernard fait sienne cette articulation paradoxalement si précise jusque dans son infime irrégularité rythmique et son refus des doigts ronds, a cette main droite à la fluidité chantante, évoque l'allure irrésistible d'Horowitz, ce mozartien fabuleux, et impose une nostalgie étreignante que l'on connaît aussi à Clara Haskil dans un livre de 1957 à Édimbourg (Tahra). Toutes les autres pièces sont jouées de façon raffinée, fluide, avec un sens de la narration parfait et une sonorité souveraine. Ce disque est troublant car, in fine, jouer ainsi la Sonate K. 330, les Soirées de Vienne de Liszt avec ce chic et cette nostalgie, le Sonnet de Pétrarque no 104 avec une telle acuité et une telle présence, les Mazurkas de Chopin avec cette nostalgie rustique, les Étincelles de Moskowski avec cette malice, tout cela est du pur Maxim Bernard. 


DISCOPHILIA


JEAN-CHARLES HOFFELÉ

ADMIRATION

Avril 2022


 

 

ADMIRATION

27 AVRIL 2022 / JEAN-CHARLES HOFFELÉ

 

Reprendre dans l'ordre le programme avec lequel Horowitz retrouvait la Russie en 1986, lui qui était né Ukrainien, quelle audace! Le projet était piégeur, des langues acerbes, sans avoir même écouté, se gaussant déjà.

 

Mais dès le ton rêveur de la Sonate en si mineur de Scarlatti, on sait l'hommage sincère et surtout subtil.

 

Maxim Bernard n'entend pas copier, son goût très sûr lui suffit, mais il évoque bien le raffinement du toucher, le vaste éventail des couleurs et, jusque dans une fantaisie de l'humeur, ce qui faisait une part du génie d'Horowitz.

 

Surprendre, que tout soit absolument prêt, fini à la perfection, pour mieux libérer l'humeur de l'instant. À ce jeu là, sa Sonate de Mozart est prodigieuse, qui rit, et dévoile un sublime jeu de pédale, comme l'aimait Horowitz; mais le jeune homme se garde bien d'en produire le décalque, il joue sa propre partition. Son seul but serait-il de ne pas pâlir face à son idole ? Il l'a gagné, le disque s'écoute et se réécoute tant la pertinence de ses choix, la subtilité de ses phrasés, et le fascinant miroir qu'il tend au récital de Moscou, rendent impossible de remiser le disque.

 

Cette mise en abime lumineuse est un vrai bonheur de culture pianistique, d'intelligence, écoutez ce lied sans parole que devient l'Impromptu avec variations de Schubert, les talons qui claquent dans la valse des Soirées de Vienne, écoutez surtout les deux Mazurkas d'une pudeur inouïe, et pourtant dansées, et puis ces Étincelles de Moszkowski !

 

Est-ce que le premier disque de ce jeune homme? Je guette déjà le prochain.